Édition pour les Romands

Entretien: Voici comment Daniel Röschli planifie le nouvel évènement de la branche

 

L’évènement de la branche, tel qu’il était célébré autrefois par «Carrosserie Suisse» à Langenthal, appartient depuis longtemps au passé. Tout comme la présence de «Go» au salon «Aftermarket CH» à l’Expo de Berne l’année dernière, qui a fait l’objet de critiques relativement virulentes de la part des exposants. L’avenir appartient désormais à l’évènement «Carrosserie CH» prévu pour la branche. Nous avons fait le point avec Daniel Röschli, directeur de l’Union suisse des carrossiers.

 

Interview: Heinz Schneider

Monsieur Röschli, c’était encore le bon temps. Autrefois, «Carrosserie Suisse» organisait sous le label «Go» un évènement de plusieurs jours dans son propre cadre à la Calag – conjointement avec un salon pour les fournisseurs, une soirée de gala et les championnats suisses pour les trois professions. A cette occasion, les professionnels étaient pour ainsi dire entre eux. A quel point cette manifestation vous manque-t-elle?
Daniel Röschli: Je n’étais pas encore là à l’époque, mais quand d’autres parlent de «l’esprit de Langenthal», j’entends qu’ils regrettent cette manifestation. Et cela concerne aussi bien nos membres que les représentants du secteur des fournisseurs. On était entre nous, et ou pouvait . . . comment dire, faire un peu la fête et se laisser aller. C’était vraiment unique. Mais le monde a changé, et pour Calag, l’organisation était à chaque fois un énorme défi. Je peux donc comprendre que l’on ait décidé de ne plus organiser de tels évènements.

 

Entre-temps, les championnats des métiers ont été délégués aux «Swiss Skills», de sorte qu’un évènement de la branche n’est plus possible dans le cadre susmentionné. Était-il judicieux de remettre la charge de cette organisation dans des mains d’autrui?
Daniel Röschli: Cette année, les «Swiss Skills» étaient un spectacle réunissant 150 métiers, dont 90 ont participé aux championnats. Nous avions notre propre scène. Il y avait un public extrêmement nombreux sur place – c’était donc une plate-forme attrayante.

 

Mais justement, on a tout donné de ses propres mains. Était-ce une bonne décision?
Daniel Röschli: Je suis un grand partisan de la solution adoptée, même si je suis conscient que dans une manifestation de cette ampleur, nous ne sommes qu’un maillon dans la grande chaîne des personnes impliquées. Mais nous étions confrontés à une nouvelle situation. Il nous appartient donc d’en faire une bonne chose.

 

L’une des bonnes choses dans le cadre des championnats des métiers de cette année à l’Expo de Berne était le thème «My Skills». De quoi s’agissait-il?
Daniel Röschli: Les jeunes en fin de scolarité et les personnes intéressées ont pu s’adonner à des activités manuelles à différents postes et découvrir ainsi nos métiers. L’action a remporté un très, très grand succès. Si on négligeait ce point, les opportunités offertes par la plate-forme des «Swiss Skills» seraient loin d’être exploitées. Pour l’instant, nous ne savons pas encore s’il en restera quelque chose en termes de stages d’initiation ou de contrats d’apprentissage. Mais vu l’énorme demande et l’intérêt suscité, cela devrait être le cas. C’est presque impossible autrement.

 

N’avez-vous jamais eu l’impression d’être un peu perdu avec «My Skills» et vos trois métiers dans l’agitation de l’évènement et par rapport aux nombreux métiers concurrents?
Daniel Röschli: Je n’ai jamais eu cette impression. J’ai trouvé cette grande manifestation et son programme enrichissants. Ceux qui le souhaitaient pouvaient en apprendre beaucoup et comparer la manière dont les autres se présentaient. Nous défendons l’apprentissage dans son ensemble, c’est-à-dire la voie duale. Elle est importante pour nous, car elle contribue également à assurer notre prospérité. Nous avons pu faire passer ces messages à un très grand public lors des championnats. C’est unique – et aucune autre manifestation ne permet d’en faire autant.

 


Vous aviez dit un jour que vous considériez les «Swiss Skills» comme une sorte d’Olympiade.
Daniel Röschli: Oui, mais comme une olympiade où il s’agit en fin de compte de défendre l’apprentissage professionnel contre le monde universitaire. Avec les «Swiss Skills», nous obtenons un large impact du fait que nous pouvons présenter nos métiers dans un environnement approprié. Comme je l’ai déjà dit: seuls, nous ne serions jamais en mesure de nous présenter devant un public aussi nombreux et en plus, nous ne pourrions jamais l’atteindre avec autant d’efficacité.

 

Terminons le chapitre «Swiss Skills» et intéressons-nous à ce qu’il reste de l’évènement initial de Langenthal, c’est-à-dire de la soirée de la branche et du salon d’exposition «Go» pour les fournisseurs. En novembre 2021, l’Union suisse des Carrossiers a décidé d’intégrer les deux manifestations dans les salons «Transport CH» et «Aftermarket CH». A l’époque, l’association avait déclaré: «Nous sommes ici au bon endroit». Est-ce que vous signeriez encore cela aujourd’hui?
Daniel Röschli: Oui, je le pense. Mais comme je l’ai dit, nous émanons de «l’esprit Langenthal». Il n’est donc pas facile de trouver une alternative équivalente pour tous. Cependant, la tentative de maintenir un évènement à un rythme régulier – où nous nous réunissons en tant que représentant de la branche – était certainement justifiée. Il s’agissait d’un essai, et la décision était la bonne.

 

Le débriefing de cette tentative a eu lieu récemment. J’ai cru comprendre que les fournisseurs et les exposants n’étaient pas satisfaits.
Daniel Röschli: Oui, c’est vrai. Ils ont expliqué comment ils avaient vécu l’intégration de «Go» dans l’«Aftermarket CH». J’ai fait face à cette critique, qui a été relativement violente. Mais d’un point de vue autocritique, leurs arguments étaient en partie justifiés. Il n’empêche: la manifestation de 2021 est née de circonstances données, l’une ou l’autre chose ne s’est pas déroulée de manière optimale. Nous nous sommes penchés sur la question et avons décidé de reprendre le fil et de mettre sur pied un nouvel évènement pour 2023. Mais avec quelques corrections.

 

Quels sont les points critiqués par les exposants?
Daniel Röschli: L’un d’entre eux est la communication, qui n’a pas été suffisamment faite. Le nom «Go» n’a pas non plus été bien accueilli – selon les exposants, il n’est pas assez évocateur. De plus, «Go» est passé complètement inaperçu en tant qu’exposition et évènement de la branche au sein de l’ «Aftermarket CH». Les membres ne savaient pas ce qui s’y passait.

 

J’étais également sur place en novembre et je pourrais imaginer que la faible affluence du public a également suscité des discussions.
Daniel Röschli: C’est vrai, mais cela ne peut pas être changé facilement. Faire venir suffisamment de visiteurs et de membres à Berne sera toujours un défi en 2023. Nous sommes actuellement à la recherche d’idées pour y parvenir.

 

Vous avez évoqué des corrections que l’association apportera à l’évènement de 2023. Comment se présentent-elles?
Daniel Röschli: L’une d’entre elles est de ne plus se présenter sous le label «Go», mais sous le nom de «Carrosserie CH». Et ce, en tant que troisième force au sein des manifestations «Transport CH» et «Aftermarkt CH», la dernière restant réservée à la branche des garages. « Go » disparait. Nous nous rattachons – également sur le plan visuel – aux deux manifestations. Ainsi, on peut voir au premier coup d’œil que «Carrosserie CH» s’est intégré dans le concept. Avec le changement de nom, nous avons contribué de manière significative à l’amélioration de la situation. C’est maintenant à nous – promoteurs, organisateurs et exposants – de tout mettre en œuvre pour atteindre une grande notoriété, afin que de nombreux visiteurs se rendent à Berne en novembre 2023. Je suis convaincu qu’avec ce nouveau nom, nous véhiculerons très clairement ce que le public est en droit d’attendre de nous.

 

Vous voyez cela comment?
Daniel Röschli: Ce sera un salon classique où nous proposerons aux fournisseurs de présenter leurs produits de manière optimale. Car nous pensons que notre industrie sera confrontée à des défis à l’avenir. Mot clé: dé-carbonisation et économies d’énergie. Les fournisseurs ont beaucoup à dire à ce sujet. Il est donc indispensable que nous mettions une plate-forme à leur disposition. Une plate-forme qui leur permette de démontrer les moyens dont ils disposent et avec lesquels ils pourront accompagner le secteur dans l’avenir.

 

Comment les fournisseurs ont-ils accueilli vos idées?
Daniel Röschli: Je suis optimiste. J’ai beaucoup discuté avec eux, notamment lors d’un briefing. J’ai été très clair: si vous ne voulez pas être présent, j’en prends note. Je l’accepterai. Dans ce cas, nous ne ferons qu’une seule fête. Mais je pense que cela vaut la peine que toute la communauté se réunisse et que nous mettions toute notre attention à cette rencontre. L’offre de soumission est lancée. Nous verrons maintenant combien d’exposants nous avons pu motiver.

 

Que pensez-vous de la soirée sectorielle?
Daniel Röschli: J’en pense beaucoup de bien. Elle est nécessaire pour souder la communauté et pour faire la fête.

 

Comment se présente la situation actuelle? Je veux dire, dans un an déjà, tout doit être prêt.
Daniel Röschli: Pour l’instant, nous avons encore une situation particulière. Des travaux sont en cours sur le site de l’Expo. La halle des fêtes va disparaître pour faire place à une nouvelle. L’alternative serait de s’installer sous une tente. J’aimerais faire revivre cette tente en tant que pavillon de la carrosserie – c’est l’image que j’ai devant moi. Bien sûr, tout dépend du prix de location au mètre carré.

 

Lorsque vous parlez de pavillon, j’imagine cette tente comme un lieu commun avec une arène, différents stands et un forum pour des conférences, par exemple.
Daniel Röschli: C’est exactement ça. Cela me plairait énormément. Tout comme le fait que les fournisseurs pourraient en profiter pour des conférences, par exemple – dans un lieu de rencontre de la branche qui servirait à l’ensemble de l’industrie suisse de la carrosserie.

 

Et quels sont vos projets pour l’année 2025 par rapport à «Carrosserie CH»?
Daniel Röschli: Concentrons-nous sur 2023. Dans trois ans, nous aurons une toute nouvelle situation, car la nouvelle salle des fêtes sera alors construite sur le site de l’Expo. Alors, nous verrons ce qu’il en est.