Édition pour les Romands

La scène suisse des voitures classiques fait front commun – avec un nouveau réseau

 

La branche suisse des voitures anciennes se dote d’un réseau intéressant aussi bien pour les clients finaux – c’est-à-dire les propriétaires de voitures anciennes – que pour les carrossiers, les mécaniciens et les peintres en carrosserie. Il s’appelle «Glasurit Classic Car Colors» et a été fondé par l’entreprise «BASF Coatings Services AG» de Pfäffikon (SZ). La réunion de lancement a eu lieu chez «Emil Frey Classics» à Safenwil (AG), en compagnie des sept premières entreprises partenaires. Nous nous sommes entretenus avec Jürgen Book, «responsable du réseau Global Classic Color», sur le dernier coup de Glasurit.

 

Par Heinz Schneider (interview et photos)

Monsieur Book, Vous avez été l’hôte – venant directement du siège de BASF à Münster – de la réunion de lancement au centre de voitures anciennes d’Emil Frey AG et vous y avez rencontré des partenaires et des invités. Le secteur suisse de la peinture a-t-il vraiment besoin d’un nouveau réseau?
Jürgen Book: Absolument – au moins d’un réseau qui se préoccupe des soucis et des intérêts des nombreux propriétaires de voitures anciennes dans ce pays. Glasurit a une histoire de 130 ans autour du thème de la peinture, nous pouvons donc apporter une certaine expérience et un certain savoir-faire.

 

Glasurit a déjà prouvé sa compétence en matière de peinture pour les voitures anciennes en 2007. C’est à cette époque qu’a été lancé le programme «Classic Car Colors», qui se présente comme la plus grande base de données de teintes au monde pour les véhicules historiques. Est-ce que vous construisez le réseau sur cette base?
Jürgen Book: Oui, c’est ce que nous faisons. Nous nous sommes effectivement déjà penchés à l’époque sur la question des propriétaires de voitures anciennes, à savoir où il devait aller avec leurs véhicules et à qui ils devaient confier une réparation. Aujourd’hui encore, il n’a y qu’une réponse: «Bien sûr, chez le professionnel, dans une entreprise de peinture spécialisée». Depuis, le marché a connu une évolution fulgurante à tous points de vue, ce à quoi nous ne nous attendions pas vraiment. La clientèle privée est devenue un segment à part, dans lequel nous avons acquis beaucoup d’expérience.

 

Le fait que vous apportiez maintenant ces expériences et ce programme en Suisse sous forme d’un réseau est finalement en souffrance depuis longtemps.
Jürgen Book: Je suis d’accord avec vous. Il existe de très nombreux véhicules très beaux et de grande valeur – c’est pourquoi je suis convaincu que la mise en place d’un réseau de spécialistes répond aux attentes du marché.

 

Pourquoi cela a-t-il pris autant de temps? En Allemagne, aux Pays-Bas, en Italie ou en France, «Glasurit Classic Car Colors» existe déjà depuis de nombreuses années.
Jürgen Book: C’est une bonne question. Nous devons bien sûr être en mesure de tout mettre en œuvre par nous-mêmes. Nous le sommes maintenant. Mais nous avons pris notre temps pour trouver les bons partenaires avec lesquels nous voulions commencer. Il y a maintenant sept entreprises. Nous avons appris à mieux nous connaître lors de la réunion de lancement et je pense que nous allons faire sensation avec ce groupe.

 

Qui visez-vous avec ce réseau? Quels sont les groupes cibles?
Jürgen Book: En premier lieu, il s’adresse au client final, c’est-à-dire aux propriétaires de voitures anciennes. Ensuite, nous souhaitons atteindre les experts et les ateliers de peinture. Et également la communauté avec ses clubs de voitures anciennes, ses associations, ses musées ou les médias.

 

Est-il indispensable que «Glasurit Classic Car Colors» s’engage – comme tout réseau classique – dans la gestion des sinistres?
Jürgen Book: En aucun cas. Nous sommes une équipe de spécialistes du segment privé, ce qui signifie que chez nous, le propriétaire d’une voiture de collection gère le sinistre lui-même. Dans notre réseau, il trouve la compétence, le savoir-faire, la meilleure peinture et les bons partenaires lorsqu’il s’agit de la réparation, de la conservation ou de l’entretien de sa voiture classique.

 

Vous avez fait mention de sept partenaires actuels du réseau. Avec quelles attentes ont-ils démarré? Et quelles sont vos attentes personnelles vis-à-vis de ces entreprises?
Jürgen Book: Nous les avons choisi avec soin. Elles répondent à différents critères. Le premier est qu’ils considèrent les voitures classiques comme un segment commercial important – et non comme un bouche-trou. Elles souhaitent grandir avec nous, ce qui est nécessaire pour un réseau. Le deuxième critère serait bien sûr l’utilisation de la marque de peinture Glasurit de BASF dans le secteur des classiques. Maintenant, comme prochaine étape, nous allons mettre en réseau les entreprises partenaires entre elles. Jusqu’à présent, chacune a fait ses propres expériences et n’a guère eu d’échanges fondamentaux. Maintenant, ça va changer. Et nous pouvons garantir que le réseau offrira désormais de toutes autres possibilités dans le domaine du marketing et de la communication.

 

Je me permets d’insister: vous parlez de spécialistes. Qu’attendez-vous concrètement de ces entreprises?
Jürgen Book: Notre objectif est d’avoir des spécialistes qui, comme nous, souhaitent préserver la valeur et le caractère de tous les véhicules qui ont vieilli dans de bonnes conditions. Pour cela, chacun doit être capable d’appliquer différentes méthodes de réparation – donc aussi des méthodes qui ne sont peut-être pas encore très courantes pour lui. Dans le domaine de la restauration, nos partenaires doivent travailler de manière très précise et fidèle à l’original, avec les teintes qui existaient à l’époque. Ils doivent connaître la technique de peinture adéquate et les matériaux qu’il convient d’utiliser. Ils doivent en outre savoir comment et où trouver la teinte correcte et authentique d’autrefois. Ou comment conserver les anciennes couches de peinture, les retravailler et les polir sans perte de matériau. Ce sont des choses qui sont très importantes pour nous.

 

Vous êtes représentant d’un fabricant de peinture. Pourquoi souhaitez-vous conserver les anciennes couches de peinture et ne pas repeindre une carrosserie?
Jürgen Book: Nous sommes partenaires de la FIVA (ndlr: Fédération Internationale des Véhicules Anciens) depuis 2016. Il est donc dans notre ADN de ne pas tout repeindre, mais d’en prendre soin. «Conserver au lieu de remplacer» – c’est une devise que nous suivons de près et que nous défendons auprès de nos entreprises.

 

Y a-t-il un objectif concernant le nombre d’entreprises membres?
Jürgen Book: Comme mentionné, nous avons commencé à sept, mais nous travaillons selon le principe «la classe plutôt que la masse». Nous voulons en effet former un réseau de spécialistes qui fasse la différence. Cela signifie qu’il doit s’agir d’entreprises spécialisées bien établies dans le milieu. Il faut qu’elles sachent et comprennent ce qu’un client privé attend d’elles. Si nous sommes un jour vingt ou trente, je n’y vois aucun inconvénient. L’important, c’est qu’il s’agisse de bonnes entreprises qui soient prêtes à former une communauté cool. Et que nous ayons du plaisir à participer ensemble aux manifestations de voitures anciennes, par exemple.

 

Lors de la réunion de lancement, il a été question de différents séminaires techniques que Glasurit proposera également en Suisse. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet?
Jürgen Book: Ils servent au développement et à l’orientation vers ce segment. Cela n’apporte rien à personne si le chef se présente comme un passionné de voitures anciennes, mais qu’il n’y a personne dans l’atelier qui soit capable de mettre en œuvre cette euphorie de manière artisanale. C’est pourquoi nous avons entre autres le séminaire «Classic Technik», dans lequel nous présentons différents procédés de peinture. Dans le cadre de «Classic Business», il s’agit de savoir comment planifier et mettre en place de manière stratégique le commerce des voitures anciennes. La plupart des entreprises qui cultivent les classiques en tant qu’affaire commerciale le font en raison de leur tradition. C’est très bien, mais un peu plus de connaissances fondamentales ne fait absolument pas de mal. Connaître par exemple l’état du marché dans lequel l’entreprise évolue. Ou quelles sont les tendances qui s’y dessinent. Ou si elle devait peut-être se concentrer sur les youngtimers. Il faut connaître le marché sur lequel on veut s’installer.

 

Pour un carrossier en Suisse, le business des classiques peut-il être lucratif?
Jürgen Book: Je pars de ce principe. Une étude de l’association suisse des voitures anciennes dit que la valeur moyenne d’une voiture ancienne dans ce pays est de 63 000 francs. C’est presque trois fois plus qu’en Allemagne, où la valeur est de 22 0000 euros. Je dirais donc que les clients suisses font beaucoup d’efforts et dépensent de manière ciblée pour préserver la valeur de leur véhicule. Le réseau les aide à prendre les bonnes décisions à cet égard.

 

Voici les entreprises membres jusqu’à présent
Autospritzwerk Müller, Wetzikon (ZH)
Carrosserie Muster + Müller AG, Oberbuchsiten (SO)
Carrosserie Spritzwerk Walter Fierz, Zurich
Emil Frey Classics, Safenwil (AG)
FMT – Fahrwerk & Motorentechnik, Rapperswil (SG)
Illusorius Art, Adlikon (ZH)
Lackierbar Imlig GmbH, Brunnen (SZ)