Par Dennis Schneider (Texte)
Dix millions de fois. C’est le nombre de Suzuki Swift écoulés à ce jour. Un chiffre qui sonne comme un triomphe, mais qui révèle surtout une chose : la patience inébranlable de millions d’automobilistes qui, depuis 2004, choisissent inlassablement la même citadine. Depuis vingt ans, la Swift sillonne la planète, de l’usine japonaise aux routes du Ghana, comme un abonnement permanent à la moyenne – fiable, mais jamais exaltante.
Son secret ? Avant tout l’Inde. Là-bas, la Swift n’est pas une voiture, c’est une institution. Environ six millions d’exemplaires en sont sortis depuis 2005, un record qui fait du modèle le leader incontesté du segment. L’Europe représente 14 %, le Japon 8 %, et le reste se répartit sur 170 marchés – y compris la Suisse, où elle séduit avec sa transmission intégrale et sa fameuse « praticité ». Un best-seller mondial qui n’aspirait pas à le devenir, et qui l’est pourtant devenu.
« Nous remercions nos clients du monde entier », déclare Toshihiro Suzuki, président de la marque. Comme si la clientèle formait un fan-club anonyme, garantissant docilement la survie du modèle à chaque achat. En réalité, la logique est implacable : une petite voiture abordable, qui se vend sur presque tous les continents, de Tokyo à Delhi en passant par Safenwil. Le fait que la Swift ait été le premier modèle Suzuki produit quasi simultanément dans quatre pays est présenté par l’entreprise comme un coup de génie stratégique. D’autres parleraient simplement de production de masse efficace.
Et voici la septième génération. Un design un peu plus affirmé, quelques systèmes d’assistance supplémentaires, un moteur mild-hybrid 1,2 litre – un progrès à doses homéopathiques. Suzuki promet « plaisir de conduite » et « précision japonaise », comme si la Swift se transformait soudain en voiture de sport ou en icône d’ingénierie. En réalité, elle reste ce qu’elle a toujours été : une voiture pragmatique pour ceux qui ne cherchent ni à se faire remarquer ni à polémiquer. Et c’est peut-être là sa radicalité discrète – dix millions d’acheteurs ne peuvent pas se tromper. Ou bien si ?