Par Heinz Schneider (texte)

Elle nous a fait bouger, au vrai sens du terme : la Renault 4 pratique, construite de 1961 à 1994 à plus de huit millions d’exemplaires. Nous en avons possédé quatre entre les années 70 et le milieu des années 80, et chaque fois que je vois aujourd’hui un modèle bien conservé (comma à l’Albisgüetli de Zurich lors du « Classic Cars & Bikes Treffen »), un pan de l’histoire de l’automobile et de ma famille me revient à l’esprit.

Tempi passati. La nouvelle est arrivée, sous le nom de R4 E-Tech Electric. Et non, ce n’est pas simplement une vieille amie avec une prise. Il s’agit d’une nouvelle édition, dotée d’une carrosserie rétro avec les vitres trapézoïdales et le hayon à l’ancienne – mais qui est clairement tournée vers l’avenir. L’avant est aussi marquant qu’avant, mais le reste joue dans une ligue où les temps de charge et l’assistance à la conduite sont plus importants que le carburateur et le starter.

Nous avons conduit la R4 dans sa version la plus luxueuse, nommée « Iconic ». Son prix : 36 500 francs. Pour cela, on bénéficie de 150 ch, d’une batterie de 52 kWh et du plaisir de ne pas rouler dans un modèle de base. Les plus économes opteront pour la version « Evolution » à 32 500 francs ou la « Techno » à 34 500 francs. L’entrée de gamme « Urban Range », avec 120 ch et 40 kWh, commence même à 29 500 francs. On ne peut faire plus basique en matière d’électrique.

Bien sûr, Renault propose également des options supplémentaires : la peinture métallisée pour 650 francs, le système audio haut de gamme (600 francs), le hayon automatique (450 francs) ou encore le pack Sécurité et Easydrive comprenant notamment l’assistant d’angle mort, le régulateur de vitesse adaptatif et le freinage d’urgence en marche arrière, pour 1000 francs. Et comme on aime planifier dans notre pays, il existe des extensions de garantie jusqu’à six ans et 150 000 kilomètres.

L’intérieur est moderne, mais sans l’austère arrogance technologique. Deux écrans occupent la moitié de la largeur de la voiture dominent le cockpit. Le système multimédia « Open R Link » avec les services Google vous guide dans votre quotidien numérique. Et puis il y a « Reno », l’avatar. Il apparaît à l’écran, accueille les passagers, recherche des restaurants et des itinéraires, prend congé lorsque le moteur est coupé et disparait de l’écran. Presque comme un comédien intégré dans l’ordinateur de bord.

Et qu’en est-il du sens de l’espace ? Étonnamment bon. La position assise est légèrement surélevée, ce qui facilite l’entrée et la sortie du véhicule et améliore la visibilité. Avec une garde au sol de 18 centimètres, la R4 ressemble presque à un petit SUV, sans pour autant viser les terrains accidentés. Elle reste toutefois pratique : le hayon s’étend jusqu’au pare-chocs, le seuil de chargement est bas (61 centimètres) et le siège passager peut être entièrement rabattu, ce qui est unique dans cette catégorie. Seul bémol : la charge remorquable de 750 kilos convient davantage à un bateau à rames tractant une caravane sur le lac des Quatre-Cantons.

Mais comment se conduit la R4 ? Doucement, Calmement, Agréablement. La R4 E-Tech Electric n’est pas une sportive, même si le programme de conduite « Sport » la rend un peu plus énergique. En ville, elle se faufile agilement dans les ruelles étroites grâce à son rayon de braquage de 10,8 mètres, et reste sereine sur les routes de campagne. La direction est souple, presque trop en mode Eco et Comfort, mais cela convient pour un usage quotidien. Le réglage confortable du châssis et de la suspension en fait plutôt un compagnon décontracté.

En matière de recharge, la R4 reste terre à terre. : en se servant du chargeur embarqué de 11 kW, il faut compter trois bonnes heures pour passer de 15 à 80 %. Si l’on est pressé, on peut utiliser un courant continu jusqu’à 100 kW, ce qui permettra de recharger la batterie à 80 % en trente minutes. Cependant, lors de notre test en plaine, l’autonomie officielle de 409 kilomètres est restée théorique, même en conduisant avec retenue.

L’impression générale ? Convaincante. Mais bien sûr, la R4 moderne n’offre pas de retrouvailles aux fans inconditionnels : c’est la petite-fille qui perpétue la tradition familiale à sa manière. Moins de romantisme et pas de levier de vitesses, mais plus de numérique. Mais elle a le même talent que son aïeule : elle sait s’adapter à la vie. Tantôt pour la famille, tantôt pour le travail, tantôt pour le week-end. Et c’est ainsi qu’elle a déjà conquis le cœur de ses propriétaires depuis de nombreuses années.