Par Dennis Schneider (texte)
Enzo Santarsiero, Managing Director d’«Axalta Coating Systems Switzerland», a récemment accueilli une vingtaine de participantes et participants à l’hôtel La Perla de Sant’Antonino. Une table, un projecteur, vingt professionnels qui savent de quoi ils parlent. La huitième rencontre d’échange d’Helvetia n’a rien d’un événement mondain : c’est un atelier concret, centré sur les réalités quotidiennes des ateliers et des assureurs.
La séance s’ouvre avec Pierre-Marie Providoli, responsable de l’équipe des spécialistes véhicules d’Helvetia au Tessin et en Suisse romande. Son exposé porte sur la fusion à venir entre Helvetia et Baloise – un vaste chantier. Jusqu’au 5 décembre 2025, les deux entreprises resteront juridiquement indépendantes, les contrats de partenariat inchangés. Pour les ateliers, cela signifie : poursuivre le travail proprement, sans interruption.
Puis vient le sujet récurrent : la grêle. Depuis deux ans, Helvetia mise sur le système ADI Drive Scan. Deux partenaires en Suisse alémanique disposent déjà de leurs propres scanners, un troisième test est en cours chez Carrosserie Eugster. Objectif : un réseau national qui standardise l’évaluation des dommages. Au Tessin, il manque encore un partenaire équipé ; pour l’heure, c’est l’installation du « Xpertcenter » de Camorino qui est utilisée. Tarifs horaires uniformes : aucune discussion après coup. « Elles doivent avoir lieu avant le début des réparations », insiste Providoli. « Toute modification ultérieure est exclue. » Les problèmes surviennent surtout lors de réparations externes : trop de bosses, trop peu de qualité, trop de pièces remplacées.
Helvetia se montre également stricte sur les processus : photos en haute résolution, approbation avant travaux, devis réalisés exclusivement avec « Silver Dat » ou « Audatex », soumis par voie numérique via E-Service ou EC2. Modifications de prix ? Un nouveau dépôt est nécessaire. Franchises et TVA ? « Pas du ressort des ateliers », précise Providoli. « Cela ne fait qu’alourdir le traitement interne. » Les réclamations, pour lui, ne sont pas des perturbations mais des leviers d’amélioration. « Les doutes doivent être réglés directement avec l’expert. » Helvetia prend en charge la communication client afin d’assurer une transparence totale.
En matière de partenariat, la fiabilité prime. Un atelier surchargé ou en vacances doit le signaler à l’avance. Les appels téléphoniques ne sont qu’une solution d’urgence ; la communication numérique est privilégiée. La durabilité, elle, se joue dans le détail : les garanties ne sont désormais traitées qu’en format numérique, le papier appartient au passé. En conclusion, Providoli évoque « Repanet Suisse », la formation et la relève. Les spécialistes manquent ; le savoir doit circuler. Moins un appel qu’un rappel pragmatique.
La parole revient ensuite à Enzo Santarsiero. Ce dernier présente des faits étayés de chiffres – et confirme ce que les ateliers constatent déjà : en 2024, la moyenne des devis bruts s’élève à environ 3 000 francs. Depuis 2021, la tendance est à la hausse. Les ateliers gagnent en efficacité, les marges se resserrent. Le marché devient plus précis, mais aussi plus étroit.
Un sujet cher à Santarsiero : l’énergie. Helvetia a lancé un projet visant à réduire la consommation d’énergies fossiles dans les ateliers partenaires. Les premiers sites pilotes ont réduit leurs besoins d’environ 40 % en quatre ans, grâce notamment à la récupération de chaleur, aux cabines de peinture performantes et à l’éclairage LED. Aujourd’hui, une cabine standard consomme environ 20 kWh d’électricité et 6 à 9 litres de mazout – soit plus de 50 % de moins qu’autrefois. « Le progrès ne consiste pas à faire du bruit, mais à travailler avec précision », résume Santarsiero. Le programme ColorWatt de ProKilowatt (Office fédéral de l’énergie) permet de subventionner jusqu’à 30 % des investissements, avec un plafond de 300 000 francs. Exemple concret : le groupe DIMAB, qui a réduit de 40 % sa consommation électrique grâce à une nouvelle installation de peinture, a reçu une aide de près de 24 000 francs.
La formation reste aussi au centre des priorités : cours sur la haute tension, les fluides frigorigènes ou les systèmes ADAS, avec un maximum de douze participants par jour. Pas de « show technique », mais du savoir appliqué. Suit la présentation de Santo Tallarico, conseiller commercial chez Axalta – André Koch. Il démontre ce que signifie concrètement l’efficacité : pas de marketing, juste des chiffres. Exemple : le SmartBoxBlower de Cartec. Le système réduit le temps de séchage de 40 à moins de 10 minutes par cycle. Trois cycles par jour, environ 660 par an. « L’investissement est amorti en à peine quatorze mois », calcule Tallarico. Pas un slogan, une équation.
Le nouveau système de peinture « Fast Cure Low Energy (FCLE) » d’Axalta divise par deux la consommation d’énergie et les émissions CO₂, raccourcit les délais et accroît la productivité. Le nouvel apprêt « 2-en-1 » économise ponçage, matériaux et temps. Message clair : le progrès sans vacarme, l’efficacité plutôt que l’étiquette. L’un des participants résume : « Nous ne parlons pas de durabilité, nous la mesurons. »
Vient enfin l’atelier. Deux groupes, deux approches, un objectif : la pratique avant le pathos. Le groupe 1, présenté par Marco Bottarini, mise sur l’efficacité – systèmes de réparation alternatifs, scanners, blowers, spot repair, réparation plastique. La communication client comme posture : écouter, expliquer, proposer. Petits gestes – polissage, traitement nano, questionnaires de satisfaction – pour créer du lien. Le groupe 2, conduit par Leonardo Monzeglio, mise sur la spécialisation : réparation de jantes, vitrages, phares, radars. Et un mot d’ordre : former des apprentis, transmettre le savoir.
Résultat : pas de cirque de l’innovation, mais un diagnostic honnête du quotidien. Moins de pathos, plus de processus. Une rencontre sans feux d’artifice médiatiques, mais riche en clarté – et dans un secteur pris entre fusion, pénurie de main-d’œuvre et pression d’efficacité, c’est peut-être la monnaie la plus précieuse.