Par Heinz Schneider (texte,) Dennis Schneider et l’usine (photos)
Dacia Bigster – un nom qui pourrait s’apparenter à un impétueux héros de western américain, mais qui nous vient en réalité de la cuisine roumano-française. Nous avons testé le SUV de dernière génération, issu de la filiale de Renault – bien sûr dans la version haut de gamme « Extreme » avec transmission intégrale et hybride léger. Il faut bien un peu de prétention, même si voiture reste ce que l’on appelait autrefois simplement « raisonnable ».
A première vue, le Bigster fait penser à un Duster après une poussée de croissance. En effet : avec 26 centimètres de plus, un empattement qui laisse enfin aux passagers arrière assez de place pour les genoux et une allure qui donne l’impression qu’il appartient depuis longtemps à la ligue des SUV, il se place au-dessus de son petit frère. Le bronze est réparti comme des confettis, par exemple sur les buses d’aération à l’intérieur, les inscriptions et les boîtiers des rétroviseurs à l’extérieur. L’habitacle est réhaussé par une touche d’aspect carbone. Mais il y a également du plastique dur. Cela fait partie de l’ADN de Dacia, comme le sont les pommes-frites qui accompagnent les steaks.
Nous prenons place. Instruments numériques ? OK. Climatisation à deux zones ? OK, c’est une première chez Dacia. Et les « You Clips », sur lesquels on peut fixer des lampes- torches, des porte-gobelets ou des supports pour téléphones portables, sont si pratiques que l’on se demande pourquoi les autres constructeurs n’ont pas inventé cela depuis longtemps. Les messages incitatifs qui s’affichent à l’écran sont moins charmants : « Tenez bien le volant ! », « Changez de rapport plus rapidement ! », « Réduisez votre vitesse ! » – c’est agaçant. Heureusement, tous ces bips peuvent être désactivés d’une simple pression sur un petit bouton situé à gauche du volant. Jusqu’au prochain démarrage du moteur.
Sous le capot se trouve un moteur trois cylindres de 1,2 litre de cylindrée et un système hybride léger de 48 volts, couplé dans le véhicule d’essai à une boîte manuelle à six rapports. Les 130 ch ne sont pas vraiment une provocation pour affronter les cols alpins, et le moteur a besoin d’un certain régime avant de prendre son envol. En dessous de 2500 tours, c’est la pause-café. En contrepartie, il consomme moins de cinq litres en plaine et un peu plus de six litres en montagne. Ce n’est pas mal pour un SUV à quatre roues motrices de cette taille. À propos : ceux qui souhaitent renoncer au 4x4 peuvent opter pour la traction avant. Dans cette version, le Bigster développe dix chevaux de plus et fait preuve d’un peu plus de punch. Son prix démarre à 27 990 francs.
Nous prenons la route. Impression de conduite ? Le Bigster est étonnamment solide. Il amortit les bosses sans sourciller, la direction est souple, pas nerveuse, tout reste détendu. Et puis, notre voiture d’essai est munie d’un grand toit panoramique de série. Il procure une immense source de lumière et transforme l’habitacle en jardin d’hiver. Si l’on désire de l’ombre, il suffit de tirer le pare-soleil sur toute la longueur.
À l’arrière, le coffre de 550 à 1853 litres peut accueillir les poussettes, les sacs de sport ou les caisses de bière. Les sièges arrière ne sont pas réglables en longueur, mais il y a tout de même une galerie de toit aux dimensions ajustables. Notre voiture d’essai était en outre équipée du « Pack Sleep » : avec une caisse en bois et un matelas mesurant 1,90 x 1,30 mètres. Si vous le souhaitez, vous pouvez donc transformer le Bigster en chambre d’hôtel avec vue, pour 1590 francs.
Reste le prix. 31 190 francs pour un SUV tout équipé avec quatre roues motrices, l’aide à la descente, la station de recharge pour smartphone et un vaste pack d’assistance – dans cette catégorie, il défie toute concurrence. La peinture métallisée bicolore, le hayon électrique et les packs supplémentaires comprenant notamment l’assistant « angle mort », la caméra à 360 degrés ainsi que le chauffage des sièges et du volant sont disponibles moyennant un supplément modique.
Finalement, la conviction s’impose : le Dacia Bigster, avec sa transmission intégrale, son toit panoramique et sa cabine de couchage est proposé à un prix raisonnable. Pourtant, il ne se vante pas. Il est devenu une voiture fiable, sans prétention, sans fanfaronnade, sans muscles. Il joue le rôle d’un costaud, sans faire claquer ses éperons. Il fait exactement ce qu’on attend de lui, et même étonnamment bien. Dans le monde des SUV, où gravitent de nombreuses stars vaniteuses, cela semble presque fondamental.