Édition pour les Romands

Par Heinz Schneider (texte) et Irene Schneider (photos)

La petite Alfa Romeo Junior fait partie de ces modèles qui, dans les halles d’exposition, nous mettent de bonne humeur rien qu’en les regardant. Avec sa souriante calandre Scudetto « Leggenda », elle semble vouloir vous inviter à faire un petit tour. Et forcément, on lui dirait oui – d’autant plus que l’on sait qu’elle existe désormais aussi en hybride (Ibrida), en complément de la version 100 % électrique. L’on s’attend à ce que ce modèle donne une poussée aux ventes, aussi sûrement que l’on s’attend à une augmentation des embouteillages au Gothard à la veille des vacances.

Aujourd’hui, le mot « hybride » évoque en quelque sorte la préservation de l’environnement et une conduite feutrée. En réalité, le moteur électrique de 48 volts joue ici plutôt le rôle d’un assistant malin, prêt à donner un coup de pouce au trois-cylindres turbo essence au moment opportun. Avec ses 29 ch, il n’agit pas en solo, mais en tant que fidèle allié. Il s’agit en quelque sorte d’un hybride « light ».

Dès les premiers mètres, le ton est donné : la technologie entre en action. Dans les embouteillages, la petite Alfa se montre étonnamment zen ; au démarrage, le moteur électrique vient brièvement en renfort – et la zone 30 se transforme alors en terrain de jeu pour technophiles. La récupération d’énergie au freinage est rapide, et s’affiche à l’ordinateur de bord avec une moyenne de 5,7 l/100 km. Rien de révolutionnaire, mais un chiffre tout à fait honorable pour une Italienne aussi alerte. L’harmonie entre les moteurs thermique et électrique est bonne ; seul un petit sursaut se fait sentir lorsque le moteur à essence reprend un rythme réduit.

Toutefois, à un moment donné, notre voiture d’essai s’est comportée comme une petite diva. Une lubie électronique lui a inspiré un caprice : « Quand Junior décide, tout s’arrête ». L’indicateur d’autonomie oscillait comme une grenouille météo hésitante, puis le frein de stationnement s’est figé dans un mutisme obstiné. Après un rapide passage à l’atelier, tout est rentré dans l’ordre. Et ensuite ? Du pur plaisir.

L’habitacle nous accueille dans une ambiance sombre et soignée, mêlant tissu, similicuir et touches d’aluminium. Pas du premium au sens clinquant du terme, mais un charme certain. L’écran central est orienté vers le conducteur, tandis que le volant aplati en bas et les sièges en tissu offrent une position de conduite agréable : on est bien, on a fière allure, et avec une Alfa, c’est top.

Sur la route, la Junior séduit par un châssis ferme mais pas désagréable. En levant le pied, la décélération est nette ; les feux arrière préviennent la voiture suivante : « Attention, je recharge ! » En appuyant franchement sur la pédale, la poussée est vive, mais pas brutale. En mode Dynamic, le petit trois-cylindres donne tout ce qu’il a – parfois au prix d’un son un peu rauque.

Côté prix, le modèle Ibrida joue la carte du charme latin : il peut être à vous à partir de 31 490 francs, en traction avant, avec un équipement assez généreux, aides à la conduite incluses. Libre à chacun d’opter pour la teinte « Blu Navigli » ou pour quelques packs technologiques – mais même en version de base, la voiture a fière allure. Ceux qui veulent davantage pourront se tourner vers les finitions « Speciale » et « Intensa », respectivement à 35 490 et 36 490 francs. Sans oublier la version à traction intégrale « Ibrida Q4 », que nous passerons prochainement à la loupe.

Et le style ? C’est là que la voiture marque des points. Cette petite Alfa inspire la sympathie. Garée au bord de la route, elle attire les regards comme un aimant : les passants sourient, le pouces se lèvent. Pas étonnant – elle a ce mélange unique d’insolence, d’élégance et de décontraction dont seuls les Italiens ont le secret.

La Junior Ibrida n’a pas l’ambition de battre des records. Mais elle met de la joie dans le quotidien, rend la conduite en ville plus supportable et redonne envie de se lancer sur les routes de campagne. La preuve qu’un petit modèle hybride peut être tout sauf ennuyeux. Bien au contraire : c’est le complice bienveillant dans les bouchons, celui qui vous murmure à l’oreille : « Non preoccuparti, je gère ».