Édition pour les Romands

«C’était génial»: les Ulrich disent adieu au monde des affaires

 

Par Heinz Schneider (texte et photos)

Une ère s’achève: fin août, Albert et Margrith Ulrich remettent la responsabilité de leur entreprise de peinture automobile de Pfäffikon (SZ) entre des mains plus jeunes en raison de leur âge. Ceci après 31 ans. Une longue période – pleine d’engagement, de beaucoup de travail et peu de vacances. Mais aussi beaucoup de plaisir, de superbes rencontres, d’épanouissement personnel et de succès.

 

Les adieux sont-ils douloureux? «Pour l’instant pas encore», dit Albert Ulrich. «Mais peut-être plus tard». Actuellement, il est toujours de l’avis que le marché suisse de la carrosserie et de la peinture de réparation n’est pas vraiment sur la bonne voie. Et le retraité n’est pas non plus enthousiasmé par la manière dont on travaille aujourd’hui: «Le client amène sa voiture le matin pour la faire réparer et la récupère le soir. Cela ne peut pas être synonyme de qualité telle que je la conçois et souhaite l’offrir à la clientèle».

 

Il est en outre convaincu qu’à «l’époque dite moderne», de nombreux travailleurs – y compris les carrossiers peintres – manquent de fierté professionnelle. Celle-ci l’a accompagné, motivé et distingué tout au long de sa carrière. Elle lui a valu non seulement une bonne réputation au-delà des frontières cantonales, mais lui a aussi permis d’entreprendre des travaux extrêmement complexes pour une clientèle exigeante. Ainsi, au cours de sa carrière, il a réparé de nombreuses Ferrari. Il a également pris soin de différents modèles Rolls-Royce, Bentley ou autre Aston Martin ainsi que de voitures américaines comme Chevrolet, Buick et Corvette. Il est clair que pour de telles missions, il faut non seulement aimer travailler, mais avoir une bonne dose de talent pour l’artisanat d’art. Un don qui semble avoir être transmis à Albert Ulrich très tôt: «Tout petit déjà, j’adorais réaliser des objets au boc-fil», se souvient-il.

 

Mais le talent ne s’est pas arrêté là. Afin d’être toujours à la pointe du savoir, Albert Ulrich s’est rendu en permanence à des expositions spécialisées, des séminaires d’information ainsi qu’à des cours spécialisés d’une semaine chez Glasurit à Münster en Allemagne. Et il a observé ses collègues dans les ateliers de Ferrari et Maserati, apprenant d’eux quelques trucs et astuces. Librement traduit selon la devise de son père: «Tu peux voler, mais seulement avec les yeux».

 

Puis, pendant son apprentissage, tout ce qui bouge éveille l’intérêt du jeune peintre. En conséquence, il a passé successivement les examens de conduite dans les catégories des petites et grosses motos, bien sûr des voitures de tourisme, des véhicules à moteur lourds, des camions, des trolleybus et des side-cars de motos. «J’ai également passé le permis de chauffeur taxi dans mes jeunes années», dit Ulrich en riant. Pourquoi ? « J’ai de temps en temps donné des coups de main aux chauffeurs de taxi. C’était formidable ».

 

Comme nous l’avons déjà mentionné, les voitures de collection et les véhicules classiques ont joué un rôle important pour les Ulrich durant toutes ces années. Pas seulement sur la plan professionnel, mais aussi dans la vie privée. « Pendant des années, nous avons possédé une Oldsmobile Delta 88 des années soixante, avec laquelle nous avons fait les plus belles excursions », s’enthousiasme Margrith Ulrich. Ensuite, l’Américaine a cédé sa place à une Anglaise: Une Jaguar XJ6 4,0 Sovereign de 1989 trône désormais dans le garage de Pfäffikon.

 

Ce qui est certainement rare, c’est le fait que Margrith et Albert Ulrich se sont parfaitement entendus au cours des dernières décennies, non seulement en tant que couple, mais aussi dans les rôles de «partenaires commerciaux». Certes, ils ont fait appel à deux reprises à de l’aide dans l’entreprise – une fois à un peintre, une autre fois à un ouvrier auxiliaire. Mais les deux fois, «l’exercice» a dû être interrompu au bout de quelques mois seulement. «Cela n’a pas fonctionné – nous n’avons jamais réussi à concilier les différentes exigences avec ceux que chacun a ou n’a pas envers lui-même», explique Albert Ulrich.

 

C’est ainsi que sa femme s’occupe du bureau et de la comptabilité pendant les week-ends et qu’elle est devenue une spécialiste de l’atelier. «Elle préparait les véhicules, les ponçait et déterminait les teintes à l’aide d’un appareil de mesure», énonce Albert Ulrich avec fierté. Auparavant, c’est-à-dire avant d’entrer dans l’entreprise, cette mère de trois enfants faisait des travaux de soudure sur des circuits imprimés (également à domicile) pour des magasins d’électronique et sur des faisceaux de câblage, par exemple pour des hôpitaux.

 

Désormais, le travail est définitivement terminé. «Je me réjouis d’avoir plus de temps à consacrer au jass», déclare Margrith Ulrich avec impatience. «Et Albert saisira, je l’espère, l’occasion de faire du vélo». Il a cultivé cette passion pendant des années – notamment en participant à trois cyclo-cross, à des courses sur route comme le tour des quatre cantons ou au championnat de Suisse centrale. Et qu’en est-il de l’atelier de peinture? Resterait-il quasiment un hobby? «Peut-être», dit Albert Ulrich. «J’aiderai peut-être un collègue à embellir des motos – ou je peindrai l’un ou l’autre piano droit ou à queue» (remarque de la rédaction: dans les années 60, Ulrich peignait des instruments de musique dans un atelier qu’il louait).

 

D’ailleurs: le 8 août, Albert Ulrich fêtera son anniversaire. Quel âge aura-t-il? Eh bien, peu de gens le savent. Notre conseil: l’indice ultime se trouve sur la voiture privée des Ulrich – immatriculée SZ 8837.

 

De 1953 à 2021 – la carrière du carrossier-peintre Albert Ulrich en un coup d’œil
Après l’école primaire et secondaire à Schwyz, Albert Ulrich a commencé en 1953 son apprentissage de carrossier-peintre chez Mythenblick Garage à Seewen, qu’il a terminé après le décès du maître d’apprentissage dans la Carrosserie Huber à Brunnen. Après l’école de recrues, il a effectué de petites réparations pour des garages jusqu’en 1959 et a loué un atelier en 1960. En 1970, il passe aux véhicules utilitaires: à l’époque, âgé de 33 ans, il repeint avec une équipe des véhicules MAN et des carrosseries de camions. De 1981 à 1990, il a travaillé comme contremaître à la Carrosserie Hans Zurbuchen. En 1991 il a accepté la proposition de louer, en tant qu’indépendant, l’emplacement actuel à la Talstrasse à Pfäffikon.

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